schreibt Sid Ahmed Hammouche im Artikel, der den Wirbel ausgelöst hat:

TERRORISME • Des appels à commettre des attentats en Suisse et en Autriche, durant la fête du football, pullulent sur les sites islamistes. La menace est prise très au sérieux.

Al-Qaïda menace l'Euro 2008

Peur sur l'Euro 2008! Selon des sources sécuritaires, al-Qaïda veut s'inviter à la grande fête européenne du football qui aura lieu en juin en Autriche et en Suisse. Des appels à commettre des attentats dans les deux pays organisateurs ont fleuri ces dernières semaines sur les forums internet islamistes, notamment sur «sos minbar» et «As-Sahab», les deux plates-formes préférées du mouvement terroriste.
«Comme l'enfer irakien»
Les messages diffusés par la nébuleuse de Ben Laden sont sans ambiguïté: «Transformons les deux pays les plus sûrs d'Europe en enfer, comme l'enfer irakien ou afghan», disait l'un d'eux. «L'heure a sonné pour les combattants de la foi. Ils doivent faire entendre leur voix», affirmait un autre message.
«Nous prenons toutes ces menaces au sérieux», confie un membre des services de sécurité de la Confédération. «Nous sommes en alerte et nous suivons de très près ces forums djihadistes. C'est par eux que les agents de Ben Laden réveillent les cellules dormantes. La situation est grave même si parfois, des personnes frustrées se cachent derrière ces sites.»
Mais qu'est-ce qui pousserait al-Qaïda à s'attaquer à deux pays neutres comme la Suisse et l'Autriche? Tout d'abord, la nébuleuse terroriste fait parler d'elle là où il y a un événement planétaire. L'Euro 2008, comme les Jeux olympiques de Pékin, est donc une plate-forme rêvée pour semer la terreur. La manifestation sera couverte par des milliers de journalistes et les matches seront retransmis dans le monde entier, note un spécialiste.
Des comptes à régler
Ce n'est pas tout. Al-Qaïda a aussi des comptes à régler avec la Suisse et l'Autriche. Les islamistes reprochent par exemple à l'Helvétie son islamophobie. Sur Al Jazeera, la chaîne arabe d'information continue, et dans la presse de ces pays, l'initiative contre les minarets n'est pas passée inaperçue. Quant au cas autrichien, il est beaucoup plus grave pour les terroristes. «L'Autriche doit se retirer d'Afghanistan», tonnait un message, en rappelant que nos voisins combattent les talibans. En fait, ils envoient quatre ou cinq officiers en rotation au sein de l'état-major de la Force internationale d'assistance à la sécurité de l'OTAN.
Les experts peu surpris
Cela dit, les milieux sécuritaires ne sont pas complètement surpris par les appels à la violence diffusés ces dernières semaines sur les sites d'al-Qaïda. Le dernier rapport de l'Office fédéral de la police qui est sorti en avril tirait d'ailleurs la sonnette d'alarme. «La Suisse est située dans la zone exposée au risque djihadiste constituée par l'Europe occidentale, mais n'est cependant pas une cible première du terrorisme islamiste, même si des djihadistes la considèrent comme un «Etat de croisés», peut-on lire dans ce document.
Interpol, ainsi que les services secrets des pays qualifiés pour l'Eurofoot, sont aussi sur le qui-vive. Du coup, le budget de la grande messe du foot concernant la sécurité a explosé, même si les montants restent top secret: «On articule aucun chiffre à ce sujet», souligne Pascale Vögeli, porte-parole de l'UEFA Euro 2008. «Mais c'est une de nos priorités. L'UEFA s'occupe du volet sécuritaire autour des stades. Nous avons mis en place notre propre service dans ces périmètres, mais aussi dans les hôtels des équipes et autour des terrains d'entraînement. Quant à la menace terroriste, il faut voir cela avec les autorités politiques. Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous avons mis le paquet.»
Accès au stade contrôlé
Du côté de la police fédérale (Fedpol), l'équipe est bien rodée et la coordination sécuritaire dépasse les frontières de la Suisse. La Confédération va investir 35,7 millions de francs pour la sécurité. (Lire ci-contre). Ainsi, tous les détenteurs de billets doivent montrer patte blanche pour entrer dans les stades. Chacun a dû indiquer son numéro de passeport pour obtenir un sésame. Et si le spectateur vient des zones à risques du Proche-Orient, il ne recevra son visa et son billet qu'après de longues vérifications. Les ambassadeurs suisses à travers le monde ont reçu des instructions allant dans ce sens.
Appels à la vigilance
Des appels à la vigilance ont également été lancés aux équipes de sécurité des aéroports suisses et autrichiens. Idem pour les bénévoles de l'Euro 2008 qui ont reçu une formation de base dans la gestion de crise. Ils seront capables d'aider le public à se déplacer en cas d'alerte à la bombe notamment. Quant à l'armée suisse, elle pourra fournir jusqu'à 15 000 militaires, mais ne sera sollicitée qu'à titre subsidiaire. Et les pays voisins des deux organisateurs ont un plan d'alerte sur la table. En Suisse, comme en Autriche, la priorité de l'Euro 2008, c'est bel et bien la sécurité... après le foot, tout de même.